Pour une autonomie alimentaire individuelle et collective

Pour une autonomie alimentaire individuelle et collective

L'autonomie alimentaire à l'échelle individuelle et collective est accessible, profitable et salvatrice

Texte d'opinion signé Claudine Gascon, fondatrice et gestionnaire de Croque Paysage

À l’ère des défis environnementaux, de la 6e grande extinction causée par l’activité humaine, de la hausse incessante des prix des aliments, de l’instabilité de nos systèmes agricoles et de la quête de sens et de solutions durables, Croque Paysage propose depuis 2010 une perspective novatrice de transition.

En effet, l’autonomie alimentaire à l’échelle individuelle, familiale et communautaire offre une voie vers un mode de vie écologique, économique, sain et résilient, où chacun peut cultiver sa propre nourriture, tout en améliorant à la fois sa qualité de vie et l’environnement. 

En se connectant au pouvoir de faire pousser sa propre nourriture de façon durable, nous devenons les heureux gardiens de la nature qui nous nourrit, tout en éliminant emballage, transport et gaspillage alimentaire. Il ne peut y avoir plus biologique et local, en plus du bien-être de s’activer à l’extérieur, de faire le plein de vitamine D et de se connecter à la Terre.

 

Un mode de vie et des méthodes néfastes et instables

Science à l'appuie, nous sommes des mammifères en déroute, déconnectés de la nature dont nous sommes tributaires. À un moment critique où il est essentiel de repenser notre rapport à celle-ci. Notre économie extractiviste, pour un développement technologique incessant dont les débuts nous faisaient miroiter la réduction de notre temps de travail, et nos modes de vie axés sur la consommation, dominent et détruisent la nature. Cela sans pour autant augmenter notre bonheur intérieur brut! Au contraire, nous travaillons toujours plus et l'éco anxiété prend du gallon avec raison. Notre parasitisme produit trop de gaz à effet de serre et bouleverse l’équilibre planétaire. 

Notre alimentation représente une grande partie des gaz à effets de serre générés par l'activité humaine. Les monocultures agricoles commerciales dominantes sont de plus en plus instables, ouvrent la porte aux débalancements d'insectes ravageurs, de maladies et de mauvaises herbes, obligeant le recours à des pesticides, des fongicides et des herbicides de synthèse, néfastes pour l'environnement, pour l'humain qui les applique et les consomme, et destructeur pour la biologie des sols. Les méthodes culturales conventionnelles compactent et détruisent les sols et leur vie, alors que ceux-ci sont à la base de cultures saines et productives, et rendent les agriculteurs dépendants des engrais de synthèse. Ce sont ces systèmes agricoles qui participent aux changements climatiques et qui sont aussi les plus sensibles face aux aléas de plus en plus présents de dame nature.

Un mode de vie et des méthodes durables et résilientes

Grâce à la permaculture, il est possible d’imiter et d’optimiser les principes de la nature en créant des jardins écologiques, diversifiés, densifiés, permanents et résilients, qui permettent de récolter l’abondance à portée de main. Des aménagements comestibles faciles d'entretien, pérennes et de plus en plus productifs. En incarnant cette solution, on exerce une participation plutôt qu'une empreinte écologique; un mode de vie régénérateur plutôt que destructeur.

La permaculture est une façon de conceptualiser des espaces de vie durables et naturels, capables de subvenir à leurs propres besoins à perpétuité. Ses trois grandes valeurs fondamentales sont : Le soin de la terre, le soin des gens et le partage équitable. La réussite d’une culture permanente est basée sur sa diversité végétale, ainsi que sur la qualité de son sol. Les interventions à ce dernier, effectuées à l’implantation seulement, visent à incorporer des intrants naturels pour améliorer sa structure, sa texture et sa biologie. Comme en forêt, ce sont les micro-organismes du sol qui dégradent la matière organique pour la rendre assimilable aux plantes, qui puisent les minéraux et nutriments en fonction de leurs besoins. Un gramme de sol sain peut contenir jusqu’à un milliard d’organismes vivants. Travailler le sol de façon récurrente c’est en fait créer un tremblement de terre pour cette précieuse vie qui travaille pour nous et qui se tient principalement dans les premiers centimètres. Bref, plus le sol est vivant et nourri en surface, plus les plantes sont saines et facilement productives par peu d’effort.

On mise aussi sur une biodiversité d’arbres, d'arbustes et d’herbacées. Ainsi, le système absorbe du carbone, produit de l’oxygène, et génère à maturité la matière organique nécessaire à sa pérennité. On retourne les résidus de taille directement au sol et on laisse les feuilles tombées, créant ainsi un compostage de surface. Dans ce type d’aménagement, on accepte facilement que ce ne soit pas l’année d’une culture X, car une centaine d’autres récoltes sont à venir. Les maladies et les insectes ravageurs font partie de la vie et miser sur une diversité de cultures aide à les prévenir, mais aussi à les accepter.

Un mode de vie profitable et savoureux

Non seulement l’autonomie alimentaire est possible, mais après cinq ans de récoltes avec nos méthodes, l’investissement moyen de cinq dollars le pied carré est rentabilisé, de sorte que l’argent pousse ensuite littéralement dans les arbres durant des dizaines d’années.Tableau rentabilité

Ainsi, en plantant entre cinq et dix plants, on peut produire notre besoin annuel familial en bleuets, soit assez pour en consommer frais au quotidien durant la période de récolte d’un mois, puis en congelant ou déshydratant les surplus pour l'hiver. Après une implantation selon les règles de l’art, son entretien réside dans le maintien d’un pH acide, la taille annuelle des plus vieilles branches, la fertilisation durant les premières années, puis le retour au sol des résidus de taille ensuite.

Ceci n’est qu'un exemple parmi une vingtaine de petits fruits possibles, sans compter les arbres à fruits dont un seul spécimen peut produire entre 200 et 500 fruits annuellement. Il ne faut pas oublier les légumes annuels et les herbacées vivaces comestibles, telles que la rhubarbe, la menthe, l'asperge, la fougère à l'autruche, et la ciboulette, pour nommer les plus connues. Au total, nous valorisons près de 200 espèces comestibles. Chacune détient au moins une partie comestible, que ce soit les racines, les jeunes pousses, les tiges, les feuilles, les boutons floraux, les fleurs, les fruits et/ou les semences.

Il est si agréable de récolter la fraîcheur à pleine maturité de façon échelonnée tout au long de la saison de culture. Au Québec, les arbustes à petits fruits sont nombreux, faciles de culture et produisent très rapidement. Il est possible de varier les plantations afin d’avoir toujours un petit fruit dans son assiette, du printemps à l'automne.

Bien planifier et réussir sa transition 

Bien sûr, ceci n'est pas magique. Il y a un savoir à apprendre, du temps à y consacrer, un mode de vie à intégrer, ainsi qu’un investissement pour partir du bon pied. Le pouce vert croît au gré des apprentissages! En effet, les plantes sont des êtres vivants aux besoins variables et il est facile de perdre temps et argent dans un vaste monde d'essais erreurs sans atteindre les rendements escomptés. Il importe d'investir dans l'élaboration d'une planification professionnelle, menant à l’implantation d’un système aux interventions écologiques  simples, rapides et rusées. Il est aussi impératif de sécuriser son investissement contre les animaux ravageurs afin de le rentabiliser.

Ensuite, il faut penser aux activités que l’on veut implanter au travers de l’aménagement, afin d’en faire un espace de vie convivial, productif et ergonomique, où les besoins fonctionnels et esthétiques sont aussi répondus (poulailler, potager, cuisine extérieure, espace de détente, chambre froide, étang baignable, système d’irrigation et de récupération des eaux de pluie, etc.). Le potager doit être d’envergure et au cœur de l’aménagement, de façon à répondre aux besoins annuels en légumes. Le tout doit comporter des sentiers principaux pour se déplacer efficacement aux activités, puis secondaires pour accéder facilement aux plantes sans piétiner le sol, sa biologie et les racines des plantes.

Une fois l’organisation de l'espace déterminée, il faut organiser les plantes entre elles pour qu’elles s’entraident. Il s’agit d’un casse-tête complexe où plusieurs paramètres doivent être pris en compte : type et pH de sol, hauteur, largeur, types de racines, temps et périodes de floraison, pollinisation, ensoleillement, compatibilités, services écologiques, fonctionnalité et esthétisme.

C'est une chose de bien planifier et de bien implanter son aménagement, s'en est une autre d'atteindre des récoltes facilement. C'est pourquoi chez Croque Paysage nous sommes aussi formateurs, afin de transmettre et de développer ce mode de vie avec une communauté grandissante de jardiniers en herbe.

Prendre soin et partager équitablement

Bien sûr, le luxe d'accéder à la propriété n’est pas accessible à tous, ni celui d'avoir le temps et l'argent pour investir dans ce type de système. Les villes, les villages et les écoles ont un pouvoir d’éducation et de sécurité alimentaire en ce sens. Ils accueillent de plus en plus de jardins communautaires, collectifs et éducatifs, et rendent ce mode de vie accessible. Notre offre s’étend à ces niveaux collectifs.

Ainsi, l'atteinte de l'autonomie alimentaire peut être à la portée de tous, grâce à l’implantation d’aménagements comestibles naturels, diversifiés, efficients et productifs, qui contribuent à la santé, au bonheur et à la résilience alimentaire des individus, des familles et des communautés qui les cultivent, les récoltent et les partagent. 

L'ère n'est plus aux monocultures et aux espaces de cultures aseptisés à l’écart des gens. Tout est interrelié : Les aliments bons pour nous doivent provenir d'un type de culture régénérateur, qui valorise la biodiversité à tous les niveaux et respecte la Terre.

Aller en ce sens c’est aussi se respecter soi-même, prendre soin des gens qu’on aime, construire des systèmes immunitaires forts et des microbiotes en santé. Oui, mettre les mains à la Terre est gage de bonheur, d'équilibre, de santé mentale et physique, ainsi que d'espoir pour l’humanité.

Claudine Gascon, fondatrice et gestionnaire de Croque Paysage

À PROPOS DE CROQUE PAYSAGE

Depuis 2010, l’entreprise offre un service de conception spécialisé dans les aménagements comestibles de 20 000 pieds carrés et moins, afin de bien planifier le rêve d’abondance de ses clients sur papier. Elle les encadre ensuite dans la réussite de sa réalisation en étapes logiques, selon leur budget et leur capacité à réaliser le projet eux-mêmes ou non, en leur fournissant sa production de plantes comestibles biologiques, ainsi que les matériaux et matériels nécessaires.


Ses méthodes innovantes s'étendent de la planification, à la réalisation et à l'entretien de systèmes nourriciers résilients. Elles allient permaculture, maraîchage biologique, horticulture ornementale et aménagement paysager, et permettent l’atteinte de l’autonomie alimentaire en légumes, fruits, noix, champignons, fines herbes et œufs de poules heureuses.

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Claudine Gascon
Télétravail et autonomie alimentaire

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